Séminaire sur les habitats rocheux intertidaux et subtidaux de la façade Manche - Mer du Nord - Atlantique – 16 au 18 novembre 2022, Océanopolis, Brest
Des habitats rocheux variés
De nombreux secteurs de la façade Manche - Mer du Nord - Atlantique sont caractérisés par la présence d’habitats marins rocheux, situés de la zone de balancement des marées (estran) jusqu’à de grandes profondeurs.
Un habitat marin est constitué par les êtres vivants qu’il abrite, le milieu et l’ensemble des interactions qui existent entre ces éléments.
Les habitats rocheux sont très variés; ils sont conditionnés par la topographie, l’action des vagues et des courants, la lumière, l’humectation, les nutriments ou encore le type de substrat.
Lorsqu’il est en bonne santé, un habitat constitue le lieu d’accueil d’un cortège d’espèces et notamment d’algues et d’animaux. Elles y trouvent les conditions idéales pour réaliser les étapes cruciales de leur cycle de vie: reproduction, repos et alimentation. On peut ainsi se déplacer dans des champs de blocs à marée basse, parfois à la recherche d’ormeau, visiter des grottes avant que la marée ne remonte, ou encore plonger dans les forêts de laminaires.
Les crevasses, surplombs, tombants, dessous de blocs et cuvettes forment des « micro-habitats » particulièrement favorables à l’installation d’une flore et d’une faune particulières.
La disparition des habitats est l’une des principales menaces qui pèse sur la biodiversité.
Afin de les protéger, de nombreux suivis et des actions de gestion sont mises en place sur différents secteurs.
Le Life intégré Marha
Les habitats d'intérêt communautaire sont des types de milieux naturels considérés rares ou menacés en Europe. Les habitats marins rocheux en font partie et sont ainsi protégés au titre de Natura 2000. La France a une forte responsabilité pour leur conservation et s’est engagée aux niveaux international et européen à les gérer de manière durable.
Les deux dernières évaluations, basées sur 4 paramètres (Aire de répartition; Surface occupée; Structure et fonctionnement; Perspectives futures) et conduites en 2012 et 2018, ont montré que les habitats marins d'intérêt communautaire étaient en grande majorité dans un état de santé défavorable.
Afin de corriger cette trajectoire, l’Office français de la biodiversité s’est associé à 13 autres partenaires français pour porter un vaste projet: le Life Marha, qui bénéficie d’un soutien financier du programme Life de l’Union européenne. Plus de 140 agents sont ainsi engagés sur des actions de communication, sensibilisation, formation, gouvernance, gestion des usages, ou encore de suivi des habitats marins.
Pourquoi un séminaire sur les habitats rocheux ?
Dans le cadre de ce projet, la Commission européenne a souhaité que la France anime une plateforme internationale sur les habitats marins.
Ce travail consiste à favoriser les échanges entre spécialistes européens sur la connaissance, le suivi et la gestion des habitats marins. Quatre conférences sont ainsi prévues sur :
- les récifs profonds méditerranéens;
- les herbiers de Posidonies;
- les habitats de substrat meuble (sables et vases);
- et les habitats rocheux.
Le Museum National d’Histoire Naturelle via sa station Marine de Concarneau avait initié en 2019 l’organisation d’un séminaire scientifique national sur les habitats rocheux, dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau et de la Directive Cadre Stratégie sur le Milieu Marin (DCSMM).
C’est pourquoi, le Life Marha s’est naturellement associé au Muséum pour organiser ce nouveau séminaire en 2022 et traiter de façon plus large la thématique.
Le séminaire sur les habitats rocheux intertidaux et subtidaux de la façade Manche - Mer du Nord - Atlantique aura lieu du 16 au 18 novembre 2022 à Océanopolis, 29200 Brest. Il est organisé autour du triptyque «Surveillance / Evaluation / Gestion» et réunit des scientifiques, des gestionnaires d’aires marines protégées, des opérateurs de terrain, des coordinateurs thématiques et des instituts. Il sera l’occasion de présenter et de valoriser :
- la prise en compte de ces habitats dans les Directives européennes(Directive Cadre sur l’Eau, Directive Habitat Faune Flore, Directive Cadre Stratégie sur le Milieu Marin);
- leurs méthodes d’évaluation et de suivis;
- l’analyse des pressions et des interactions;
- et les mesures de gestion favorables à leur conservation.
Les approches européennes et internationales seront abordées afin de replacer les suivis nationaux dans une plus large échelle.
quelques résultats marquant de ces 15 dernières années de surveillance ?
Si l’évaluation a montré que les habitats marins d'intérêt communautaire étaient en grande majorité dans un état de santé défavorable, les habitats rocheux demeurent pour autant et globalement en bon état à l’échelle de la façade Manche-Atlantique. Néanmoins, des modifications dans leur structuration se confirment et s’accentuent également.
Le changement global et le réchauffement climatique en particulier demeurent probablement les facteurs déterminants dans la régression des grandes algues brunes sous-marines d’origine nordique (Laminaria digitata et Laminaria hyperborea), au profit d’espèces plus méridionales (Laminaria ochroleuca et Saccorhiza polyschides). Bien qu’il soit difficile de le démontrer, des pressions locales peuvent venir accentuer voire accélérer cette évolution.
D’autres grandes algues brunes, qui structurent cette fois l’estran, régressent également depuis plusieurs années (Ascophyllum nodosum, Fucus serratus). Ces communautés sont notamment soumises aux fortes chaleurs estivales, à un mode d’exposition (vents dominants) qui a progressivement évolué ces dernières années, mais également à une pression plus importante du broutage, notamment par les patelles.
Cependant, le manque de mesures des niveaux de pression in situ et des paramètres physiques, chimiques, hydrodynamiques et climatiques, rend difficile de discriminer les causes naturelles et anthropiques de ces évolutions.
Si la structuration d’un habitat subit des modifications importantes, cela aura un impact sur toutes les espèces benthiques ou pélagiques qui lui sont inféodées. C’est la raison pour laquelle la surveillance via des mesures sur le long terme des espèces et habitats marins d’une part et des paramètres environnementaux d’autre part, demeure indispensable et incontournable.