Le prélèvement simultané, par des plaisanciers, en de nombreux points offre une opportunité unique pour comprendre la répartition du plancton.
Objectif Plancton
L’étude des écosystèmes côtiers nécessite d’observer le milieu sur le long terme afin de pouvoir détecter des changements éventuels de la biodiversité, voire de leur fonctionnement. Cependant, l’opportunité d’échantillonner dans le même temps plusieurs stations demande des moyens à la mer impossibles à mobiliser par les scientifiques.
Objectif Plancton, initié par Océanopolis et avec la participation de la station de biologie marine de Concarneau, l’institut universitaire européen de la mer, l’observatoire du plancton de Lorient, l’Ifremer et la fondation Explore est une action de science participative originale menée avec le soutien des acteurs du monde maritime (associations Les Glénans, Cap vers la nature, ANSEL et Astrolabe Expéditions). Elle offre l’opportunité unique de pouvoir échantillonner le plancton en différents points de manière simultanée. Cette opération permet de mobiliser quatre fois par an entre 10 et 20 bateaux sur les côtes de Brest, Concarneau et Lorient.
Le protocole élaboré pour cette opération est simple avec un matériel adapté qui permet aux plaisanciers de le mettre en œuvre facilement. Lors de la journée de prélèvement, sont fournis aux participants des kits contenant :
- un disque de Secchi (mesure de la turbidité de l’eau),
- un tube permettant de faire un prélèvement d’eau,
- un filet à plancton (phyto et/ou zoo).
Les équipages, répartis aux différents points qui couvrent la baie de la Forêt, effectuent les prélèvements simultanément. De retour au port, les échantillons sont pré-analysés avec les scientifiques. Puis les résultats des opérations antérieures sont présentés aux équipages. La journée se termine en présentant les actions à venir autour d’un verre de l’amitié.
La station de biologie marine de Concarneau travaille plus particulièrement à l’exploration de la biodiversité des microalgues et de l’ichtyoplancton (larves de poisson), une spécialité des chercheurs de la station, afin d’inventorier les espèces présentes d’une part et de les comparer avec celles décrites antérieurement d’autre part. En effet, dès 1890, les chercheurs de la station, effectuèrent les premières surveillances de la faune et de la flore pélagiques nous transmettant ainsi un référentiel. Dans un second temps, les chercheurs s’attacheront à cerner l’impact des toxines de micro-algues sur l’ichtyoplancton et sur le recrutement des juvéniles de poisson.
Parmi les premiers résultats de cette opération, la présence notable lors de la sortie de juin 2016 et aux stations les plus en aval d’une micro-algue, Pronoctiluca pelagica, décrite pour la première fois en 1889 par Paul Fabre-Domergue lors d’un prélèvement effectué dans la baie de la Forêt. Les premières sorties ont permis de mettre en évidence une variation de la diversité du plancton suivant le lieu et la saison. C’est ainsi que plusieurs espèces de micro-algues réputées d’eaux chaudes à tempérées chaudes ont été répertoriées uniquement lors de la sortie de septembre 2016 et aux stations les plus en aval.
Enfin, une base de connaissances sur l’ichtyoplancton est en cours d’élaboration. Cette base permettra d’effectuer une identification assistée par ordinateur et sera ainsi utilisable par les plaisanciers.
Le protocole développé à Concarneau est maintenant actif sur d'autres zones grâce à Astrolabe Expédition (Atlantique) et Exocéans (Côtes d'Armor)